Allan Holdsworth - un ingénieux du son (Jazz Hot 1980)

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Summary: The article discusses the unique musical journey of Allan Holdsworth, a renowned guitarist known for his distinctive sound and improvisational style. Despite his roots in 1970s English rock, he gained recognition in jazz circles, particularly for his collaboration with pianist Gordon Beck. Holdsworth's transition to jazz was unconventional, given his self-taught background and preference for a personalized guitar setup, including Fender Stratocasters and Gibson SG Custom. He emphasized the importance of individuality in music and his approach to creating a saxophone-like modulation with his guitar. Holdsworth also mentioned upcoming projects and his appreciation for fellow musicians in France and London. [This summary was written by ChatGPT in 2023 based on the article text below.]

Allan Holdsworth - un ingénieux du son...

Jazz Hot Magazine, 1980

By Marianne Rosenstiehl & Jean-Francis Zermati

Original French text

Machine translated version: Allan Holdsworth - an ingenious sound (Jazz Hot 1980)

Si la musique d'Allan Holdsworth prend sa source dans le rock anglais des années 70, son style d'improvisation l'en démarque nettement. Mais c'est surtout sa sonorité exceptionnellement diverse et fluide qui semble avoir le plus intéressé des musiciens de jazz comme le pianiste Gordon Beck, avec qui Holdsworth a entamé une longue tournée à travers la France ; une excellente occasion de découvrir celui que Larry Coryell désignait récemment comme «le meilleur guitariste européen depuis Django.»

Jazz-Hot. - Allan, c'est surtout pour ton travail avec Gordon Beck que le public français te connait bien...

Allan Holdsworth. - Oui, et c'est assez curieux, car j'ai tout de même fait pas mal de choses auparavant; et d'autre part, quand j'ai commencé à enregistrer avec Gordon, je me sentais assez mal à l'aise avec cette musique : j'ai toujours été plutôt branché sur le jazz-rock et la musique de Gordon m'a donné du fil à retordre. Je ne suis pas très satisfait de ce que j'ai fait dans l'album en quartet («Sunbird», voir J.H n° 367), et je regrette que nous n'ayions pu répéter plus longtemps avant de l'enregistrer. Notre disque en duo me satisfait davantage. Il est quand même assez paradoxal que le succès soit venu pour moi avec une musique que j'aime beaucoup, mais qui ne correspond pas tout à fait à la mienne....

J.H. - Quel a été ton parcours musical, depuis ta participation au groupe «Soft Machine» ?

A.H. - Je suis parti ensuite aux États-Unis pour quelques années. J'habitais à New York avec Tony Williams, et cela a été pour moi la période musicale la plus riche jusqu'à présent. Tony est un type fantastique. Nous avons enregistré ensemble deux albums : «Believe It» et «Million Dollar Legs». Plus tard, en Angleterre, j'ai joué avec Gong, qui était vraiment un très bon groupe, avec un son bien à lui ; je joue sur leur disque «Gazeuse». Ensuite, j'ai rencontré Bill Bruford, avec lequel j'ai enregistré trois albums. Entre temps, il y avait eu aussi «Enigmatic Ocean», avec Jean-Luc Ponty. Mais pour être juste, c'est avec «Tempest», un groupe de heavy metal rock, que j'ai vraiment débuté...

J.H. - Tu étais donc plutôt un guitariste de rock à l'origine ; comment s'est donc effectué ton passage au jazz ?

A.H. - En fait, je n'ai jamais vraiment joué «du jazz». Ma façon de jouer et ma musique sont issues du rock. Je me suis mis à la guitare assez tardivement, puisque j'ai commencé à l'âge de dix-sept ans en jouant de la pop. A l'époque, j'avais une culture musicale assez étendue : mon père, qui était un excellent pianiste, possédait des centaines de disques. Grace à lui, j'ai découvert pas mal de choses, que ce soient Charlie Christian et Jimmy Raney, ou la musique classique. Je me suis aussi intéressé à d'autres instruments que la guitare, par exemple le piano ou le saxophone, sans pourtant jamais en jouer. En ce qui concerne la guitare, je suis totalement autodidacte: je n'ai même jamais travaillé les standards, ce qui explique mes difficultés à jouer avec Gordon Beck... D'une manière générale, je suis un solitaire. Je travaille et je compose toujours seul, et je n'ai jamais joué avec d'autres guitaristes, sauf une fois dans le disque de Jean-Luc Ponty.

J.H. - Parlons un peu de technique, car le matériel sur lequel tu joues semble avoir une grande importance pour toi, et tu as une sonorité très particulière : quels sont donc tes trucs ?

A.H. - Je suis constamment à la recherche d'un meilleur son. J'ai essayé à peu près tous les amplis - Vox, Fender, etc.... Je joue maintenant sur un nouvel ampli à lampes de fabrication anglaise, le Harley Thomson En matière de guitares, je suis très attaché à deux modèles : ma vieille Fender Stratocaster sur laquelle j'ai joué pendant très longtemps, et la Gibson S.G. Custom que j'utilise depuis trois ou quatre ans. J'utilise divers accessoires, notamment plusieurs pédales d'expression en chorus, pour obtenir des effets divers. J'aime bien aussi jouer en stéréo en intercalant entre les deux amplis un «delay >> très court. En accord, cela me permet d'obtenir des sons qui se rapprochent de celui du piano. Pour les cordes, je ne suis pas maniaque : j'aime les cordes souples, car elles chantent plus. J'utilise ordinairement des cordes D'Adario.

J.H. - Tu as une façon très personnelle d'utiliser la guitare en rythmique. Est-ce que pour toi, la guitare est avant tout un instrument soliste ?

A.H. - On modèle un instrument suivant son propre tempérament. Pour ma part, j'ai horreur des clichés, et je déteste cette mode des rythmiques «funky», c'est tout... Les guitaristes se sont tous mis à cette forme de jeu rythmique, de même que tous les bassistes essayent de jouer comme Pastorius. C'est idiot, et l'on se demande ce qu'ils auraient fait s'il n'avait pas existé. Chacun doit trouver son propre style. Les types qui copient Jaco Pastorius ne retiennent que l'aspect superficiel de son jeu. Et la sonorité ne signifie rien sans la personnalité.

J.H. - Ton jeu de main gauche est aussi très original...

A.H. - Oui, j'ai toujours été gêné par la façon dont beaucoup de musiciens font sonner leur guitare. Cela vient probablement de mon amour pour le saxophone : j'essaie d'obtenir de mes cordes un son modulé qui s'apparente plus à la voix ou aux timbre d'un instrument à vent. Quand on joue du sax, il y a mille manières d'attaquer la note, de la faire durer, d'agir sur la hauteur et le timbre. J'ai essayé de développer un doigté de main gauche qui puisse me donner des résultats analogues. Ce sont mes doigts qui impriment à la note une certaine attaque, qui la prolongent ou non. C'est aussi pour cela que je n'utilise pas de médiators.

J.H. - Parallèlement à ton travail aux côtés de Gordon Beck, tu animes aussi ton propre quartet, avec lequel tu as joué ces derniers temps à Paris. As-tu des projets avec ce groupe ?

A.H. - Nous venons à peine de commencer à jouer ensemble. Seul Gary Husband, le batteur, m'accompagne déjà depuis quelques mois. J'ai des projets d'enregistrement en trio (guitare-basse-batterie) et c'est dans cette perspective que je compose actuellement. J'envisage quelque chose de plus élaboré que ce qui se pratique ordinairement en jazz: plutôt qu'une alternance thème-chorus, je voudrais des parties très écrites pour tous les instruments, avec un développement constant de l'harmonisation tout au long des morceaux ; ce qui n'empêche d'ailleurs pas l'improvisation.

J'aime beaucoup ce que fait le pianiste, Benoit Widemann. Je vais aussi donner une série de concerts avec Didier Lockwood dans la formation de Gordon Beck. Je pense qu'il y a en France beaucoup de bons musiciens. On en voit beaucoup qui viennent faire le bœuf au Riverbop. A Londres il existe assez peu d'endroits de ce genre : les pubs ferment très tôt et l'ambiance y est en général assez guindée, du moins dans les milieux du jazz. C'est un peu pourquoi je préfère travailler dans mon coin avec mon trio. J'espère enregistrer très bientôt. Reste à trouver un producteur...

(propos recueillis par Marianne Rosenstiehl et Jean-Francis Zermati)